Je vous propose d'inventer l'histoire de cette effrontée, petite fille aux yeux bleus qui vous tire la langue...

Cette Africaine m'a apprivoisé.

Je n'étais pas convaincu par le modelage. Le retoucher n'était pas la solution : j'ai souvent gâché des pièces correctes en les travaillant trop !

Mais après le raku, et surtout l’installation sur le socle, avec le bon morceau de bois que j'ai patiné, la tige métallique à la bonne hauteur, ce visage s'est révélé, et ce que je voyais comme des défauts sont devenus des atouts.

Il semble que je ne suis pas le seul que mon Africaine ait charmé, car cette pièce a été vendue à sa première exposition, à Chamousseau, lors du circuit d'artistes "La Main Bleue".

À cause du Covid, ça faisait 3 ans qu'Abdoulaye Gandema n'avait pas pu venir en France et que nous n'avions pas pu faire le stage de bronze organisé par les amis de la Mothe.

Mais cette année, enfin, nous étions 8 à modeler

la cire!

Avec une inspiration animalière pour beaucoup.

Nous avons mis les mains dans le crottin d’âne pour faire le banco, mélange de terre chamottée et de crottin qui sert à faire les moules autour des modelages en cire. Le petit cadeau des ânes est plein de fibres qui consolident le moule et le rendent légèrement poreux, ce qui permet l'évacuation des gaz lors de la coulée.

Après avoir placé judicieusement les évents (cire qui forme les conduits où passera le métal en fusion), on met une première couche fine, puis, quand c'est bien sec, on recouvre d'une deuxième couche plus épaisse, en façonnant un petit entonnoir qui facilitera la coulée.

Vous pouvez voir les évents sur ces 5 pièces que j'ai modelées, la cire a une couleur différente (elle est réutilisable, donc plus elle est foncée, plus elle a été utilisée, plus elle a d'impuretés). Je n'ai pas pris de photos lors de l'application du banco autour de la cire... j'avais les mains sales!

Et on attend que ça sèche, ce qui permet d'aller visiter quelques expositions et ateliers du circuit d'artiste "La Main Bleue", qui a lieu ce même week-end de Pentecôte. C'est un peu frustrant, on aimerait avoir le temps de tout voir, mais avec 74 exposants sur 4 communes, ce n'est pas possible, surtout si on a fait le choix du stage!

Lorsque les moules sont bien secs, c'est le moment du décirage: les moules sont chauffés afin de les vider de la cire qui fond. Attention à bien mettre à la chaleur l'entrée du moule en premier, car si la cire se liquéfie sans pouvoir sortir, la légère augmentation de son volume risque de casser le moule qui est encore cru.

Vient ensuite la cuisson au bois, à très haute température.

Pendant que les moules cuisent, on commence à faire fondre le bronze, alliage de cuivre, d'étain et de zinc. Laiton (cuivre et zinc) et tuyaux de récupération font très bien l'affaire. Le génie de la petite lampe habitera toutes nos pièces!

On stabilise ensuite les moules dans du sable qui retiendra la poussée du métal en fusion, et on coule... à la louche, comme le fromage, mais à 1200°.

J'ai eu le plaisir de couler moi-même quelques pièces. Je n'ai pas de photos, j'avais les mains prises!

Le jaune du souffre et le orange du métal fondu restent quelques instants après la coulée.

Une fois tout ça un peu refroidi, on casse les moules au marteau pour découvrir les pièces, qu'il faut ensuite bien nettoyer et usiner en fonction de la finition souhaitée.

Voici par exemple ma petite souris, qui pourrait maintenant être patinée.

Cette petite série de masques sur socles sera exposée au château de Chamousseau à Queaux pour le circuit d'artistes "La Main Bleue" les 4, 5 et 6 juin 2022.

Ensuite ils seront disponibles à la vente à la boutique l'Oculus d'Angles sur l'Anglin.